Kolwezi : se loger, un vrai casse-tête

Publié le par kolwezinfo

Kolwezi : se loger, un vrai casse-tête

(Syfia Grands Lacs/RD Congo) Louer un studio à Kolwezi, cité minière du Katanga, est devenu difficile et coûteux. L'afflux des expatriés prêts à payer cher et de nombreux creuseurs raréfie l'offre. Certaines entreprises construisent aujourd'hui des maisons pour loger leur personnel.

A l’entrée de Kolwezi, à 300 km au nord-ouest de Lubumbashi, en venant de l'aéroport, une clôture de fil de fer barbelée entoure une vaste concession de maisons nouvellement sorties de terre. "Ces constructions-là serviront de logement à deux mille expatriés qui travaillent pour le compte de DCP (l’une de nombreuses entreprises minières qui opèrent au Katanga)", explique un aide-maçon qui travaille sur le site. Une autre société minière, Kamoto operating, a elle aussi démarré la construction de logements pour son personnel.
Les miniers veulent apporter là une réponse au problème de logement qui se pose âprement à Kolwezi et aux environs où, depuis cinq ans, le loyer connaît une hausse vertigineuse suite à l'afflux massif des exploitants miniers. Asiatiques, Européens, Américains…payent le prix fort aux bailleurs et ont pratiquement raflé toutes les maisons jadis occupées par les anciens travailleurs de la Gecamines.
Quatre-vingts pour cent de ces maisons sont louées aux investisseurs étrangers venus pour l’exploitation minière ou les activités connexes. Ils ont transformé à leur tour la plupart de ces maisons en Guest house ou en restaurants pour leurs entreprises. Du coup, le prix des loyers a quintuplé voire plus. Et ce depuis la libéralisation du secteur à la faveur d’un code minier controversé élaboré par le gouvernement congolais au sortir de la guerre en juillet 2002, dont la société civile réclame la révision. "Une maison dans les quartiers résidentiels comme Mutoshi, Dilungu, Biashara est passée, en l'espace de trois ans, de 60 à 750 dollars", témoigne Nduwa Tshikuta, un bailleur heureux.

Loger où on peut …
Si les expatriés peuvent payer, ce n’est pas le cas pour les autres habitants et les petits creuseurs venus d'autres coins du pays pour travailler dans les mines. Pour se loger tous les moyens sont bons, pour eux : certains squattent les vestiaires des stades de Kolwezi et les salles de classes abandonnées, d'autres dorment à mêmes les étals des marchés. Malele Kelenga, 35 ans, creuseur dans une mine de Kapata autour de Kolwezi a lui choisi un cercle récréatif. "Je dors ici car je ne suis pas en mesure de réunir le loyer mensuel (70 $) ainsi que la garantie locative que m'exige le bailleur pour un "entrez-coucher", explique-t-il. Alors que pour tout revenu, je gagne 50 000 FC (90 $) par mois".
Musamba Kasanga connaît la même tourmente. Marié, père de quatre enfants, cet ancien agent de la Gecamines reconverti en creuseur, a trouvé refuge avec toute sa famille dans une école primaire abandonnée à Musonyia, à 8 km de Kolwezi. "Avant je résidais dans une maison de la Gecamines qui a été rachetée par un exploitant minier. Le nouvel occupant m'a sommé de déguerpir les lieux", clame-t-il amer. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux, ceux à Kolwezi, qui éprouvent d'énormes difficultés pour se loger. Si un petit nombre parmi eux parvient à trouver où squatter, ce n'est pas le cas pour la majorité. Aussi, ne pouvant plus tenir le coup à la cité, se rabattent-ils sur les terres non exploitées où ils créent des "bidonvilles" en dehors de toute sécurité et des normes élémentaires d'urbanisme. "Les gens construisent même à moins de 200 mètres des carrières comme au quartier Kanina 5. Avec tous les risques possibles d'éboulement", s’inquiète Urbain Mbal, un résident.


Parce que les moyens font défaut
A Kolwezi comme dans le reste du pays, le pouvoir d'achat des habitants est très faible alors que les prix flambent. Travaillant aux côtés des exploitants miniers expatriés qui amassent des fortunes, les Congolais se contentent de maigres salaires. Parfois dix à trente fois plus bas que ceux de leurs collègues étrangers à travail égal. "La vie à Kolwezi est plus chère qu’à Lubumbashi. A chaque fin du mois, j’ai l’impression que je ne travaille pas, parce que le logement et la nourriture me prennent tout l’argent...je ne peux pas épargner", se plaint Clarisse Tanga, jeune employée d'une entreprise minière. Ce jeune homme lui aussi s'en plaint : "Je gagne deux fois plus que je gagnais à Kinshasa, mais j’ai l’impression que cela revient au même. Le loyer me coûte…"
Imaginatif, Masengo Kavul, un habitant de Kolwezi, exige de tout investisseur du secteur minier "d’initier un programme de construction de maisons à loyer modéré pour les populations sans grande ressource".

Eliane Tshilobo, Toto Kyanda

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