Katanga : les mines envahissent les aires protégées

Publié le par kolwezinfo

Katanga : les mines envahissent les aires protégées

(Syfia Grands Lacs/RD Congo) Les activités minières s’étendent mêmes dans les zones protégées au Katanga, où les autorités peinent à faire respecter la loi. Des milliers d’hectares de forêts disparaissent, les animaux fuient et les humains s’inquiètent pour leurs terres et leur santé.

Au sud-est de la Rd Congo, dans la province du Katanga, quand un voyageur emprunte la route Kolwezi-Likasi, depuis le pont Lualaba jusqu’au point de contrôle Tenke au nord de Lubumbashi, il est frappé par la dizaine d’entreprises minières installées dans le parc Upemba et dans la réserve animalière de la Kando. Depuis février dernier, Félix Mbayo, directeur provincial de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (Iccn) au Katanga, dénonce la disparition des espèces animales dans ces deux réserves. Des léopards, des antilopes, des civettes, des hyènes et une importante compagnie d’éléphants fuient les bruits d'explosifs utilisés par l’activité minière.
Selon Mbayo, la faute incombe à la collaboration insuffisante des autorités chargées de faire respecter la loi : "Je ne comprends pas la raison d’être des mines dans les aires protégées. Pourtant le cadastre minier (établissement public chargé de la conservation des titres miniers et des carrières en RDC, Ndlr) a, dans son répertoire, des zones protégées." Jean Kalenga, agent à la coordination urbaine de l’Environnement à Kolwezi ajoute : "L’exploitation minière ne poserait pas vraiment problème si le cadastre minier respectait ces zones."

La société civile se mobilise
Groupe Bazano, Tenke fungurume mining, Somika, Phelps dodge… Depuis décembre 2008, des entreprises minières se sont installées dans cette partie du Katanga. Elles font des prélèvements et creusent des trous, dénaturant ainsi la réserve de la Kando. Elles dévient parfois les lits des rivières pour en exploiter le fond et modifient l’aspect du terrain. "L’eau est ainsi polluée. Cela rend impossible la vie des animaux sauvages", affirme Léonie Kamanda, conservatrice en chef de la réserve de Kando, qui redoute une catastrophe. "Allez voir la superficie occupée par ces mines. Une partie du parc est détruite. A Kando, 190 000 ha de forêts sur les 562 500 sont éventrés par les tracteurs", regrette Félix Mbayo.
Les conséquences de l’intense activité minière qui se développe dans le Katanga sont maintes fois décriées par des Ong et des défenseurs de l’environnement. "La dégradation des terres et la déforestation qu’elle engendre détruisent la biodiversité, accentuent la baisse du rendement agricole et exacerbent la pauvreté. Globalement, elles portent atteinte à la productivité et à la santé", explique Jean-Paul Ilunga, ingénieur agronome. Directeur des programmes de protection des écorégions au Congo, une ONG de protection de l’environnement basée à Lubumbashi, Christian Bwenda regrette que l’avancée des mines mette ainsi en péril la vie des animaux et le bien-être des humains. Puisque les entreprises minières paient à l’État une taxe dite de sûreté financière (près de 100 000 $), ce dernier devrait prélever dessus un pourcentage pour restaurer la faune et la flore, recommande Albert Kalau, un géologue.

Manque de collaboration
A Kolwezi, les organisations de la Société civile se disent préoccupées par cette avancée des mines dans les parcs, qui entraîne l’appauvrissement de la population et le tarissement des cours d’eau. Rien n’étant encore fait pour mettre de l’ordre entre les deux ministères chargés des mines et de la conservation de la nature qui collaborent dans l’octroi des carrés miniers, les gens font localement ce qu’ils peuvent pour atténuer l’impact environnemental.
Comparativement aux dégâts causés par les sociétés minières, les reconstitutions de forêts initiées par la coordination urbaine de l’Environnement et les Ong œuvrant dans ce secteur paraissent insignifiantes. A l’image des 500 ha d’agroforesterie et de reboisement réalisés à Kolwezi, Thérèse Lukenge, la ministre provincial de l’Environnement propose "un contrôle systématique de l’exploitation forestière pour réduire les coupes intempestives de bois et la déforestation tant du coté des miniers que des autochtones". Plusieurs mesures de ce genre ont déjà été prises sans pourtant parvenir à freiner l’expansion des activités minières vers les aires protégées, et, aujourd’hui, vers des villages.

Toto Kyanda

 

 

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